Musiques cachées : écouter la diversité sonore
Éric Létourneau, avec Sandeep Bhagwati (Université Concordia), Alexandre St-Onge (Université Laval), Philippe-Aubert Gauthier (École des arts visuels et médiatiques/HEXAGRAM/CIRMMT), Simon-Pierre Gourd (École des médias) et Kevin Zemmour (Université McGill)
Chercheuses/chercheurs invités : Dominique Berthet (Université des Antilles/CERAP), Sophie Cabot (UQAM/HEXAGRAM), Claire Dehove (WOS/Agence des Hypothèses/Ambassade de la métanation) et Loli Tsan (SUNY)
Avec la participation de André-Louis Paré (revue Espace), Dimitri Delphin (HEXAGRAM/UQAM), Suzanne Leblanc (Université Laval), Ricardo Dal Farra (Université Concordia/HEXAGRAM), Éliane Marie-Laure Cantin, Denis Courchesne (Département de musique, UQAM), Gabrielle Couillard (UQAM/HEXAGRAM), Kasey Pocius (Université McGill) et Marie-Annick Béliveau (CHANTS LIBRES/UQAM)
Ce projet de recherche-création vise à requalifier et à valoriser le travail de praticiennes et praticiens marginalisés en musique et autres arts sonores. Il se penche sur la normalisation de la médiatisation du son, particulièrement par les lieux de diffusion de concerts et les systèmes de reproduction sonore (systèmes phonographiques). Par arts sonores, nous incluons toutes les pratiques de création liées au son : musique, art audio, performance sonore, poésie sonore.
La marginalisation du travail de ces praticiennes et praticiens est souvent entraînée par leurs choix esthétiques. Elle serait en outre la conséquence de l’appartenance de ces personnes à un milieu lui-même marginalisé par l’industrie culturelle.
De façon générale, la diversité des formes esthétiques est soumise à l’industrialisation de la culture et au marché, de même qu’à ce que Adorno dénonce comme le fruit de la fétichisation de la musique, laquelle entraîne une normalisation des approches compositionnelles. Malgré l’offre culturelle importante que proposent les médias numériques, la musique commerciale ou les musiques mélodiques mobilisent les principaux modes de diffusion de sons et obéissent aux règles établies autour des systèmes d’intervalles tempérés et des rythmes simples. Ce type de production est largement majoritaire dans la sphère publique.
Les techniques de jeu musical sont de plus parfois assujetties à des formats normalisateurs, comme en témoignent des émissions populaires telles que La voix ou America’s got talent. La mondialisation a également contribué à l’expansion de la musique commerciale et les arts sonores, n’obéissant pas aux normes esthétiques dominantes, sont, la plupart du temps, dès lors disqualifiés : musiques non virtuoses, hétérophoniques, accords non tempérés, pratiques expérimentales, art audio, performances sonores, poésie sonore.
Par conséquent, on assiste à une marginalisation des personnes qui créent des musiques dont l’esthétique est différente de celle des attentes du marché. Un très grand nombre de ces artistes sont issus de milieux marginalisés : minorités visibles, membres de la communauté LGBTQIA+, personnes âgées ou ayant des problèmes de santé, notamment.
Partant de ces constats, ce projet permettra à fédérer des artistes issus de la marginalité et de divers milieux marginalisés pour collaborer et partager différents processus de création, cela à travers la tenue d’ateliers, de rencontres, de production d’enregistrements et de concerts. Quatre catégories de praticiennes et praticiens des arts sonores sont dégagées pour ce projet, soit celles :
- Des minorités visibles et des peuples autochtones
- De la communauté LGBTQIA+
- Des outsiders de la musique (pratiques mises à l’écart du système de l’industrie)
- Des femmes
Les résultats de cette recherche seront notamment diffusés à travers le site web du projet : https://laboratoire-musiquescachees.uqam.ca/
FRQSC Appui à la recherche-création, 2022-2025