Étude sur les pratiques de relations publiques et de leur impact sur les organisations fédérales canadiennes à l’ère du numérique
Ivan Ivanov (chercheur principal, Université d’Ottawa), avec Benoit Cordelier (Département de communication sociale et publique) et Daniel Robichaud (Université de Montréal)
Ce projet vise à étudier les pratiques de relations publiques (RP) dans les organisations fédérales canadiennes (OFC) à l’ère des médias et des plateformes sociotechniques afin de comprendre comment ces pratiques transforment les organisations publiques. La raison d’être de ce projet est directement liée à l’importance du rôle politique, stratégique et technique des pratiques numériques de RP au sein des ministères et des agences fédérales canadiennes pour les relations que ceux-ci tissent avec les citoyennes et citoyens canadiens et les autres organisations publiques et privées.
Les pratiques de RP sont basées sur la réalisation d’activités, d’outils et de supports communicationnels au service des missions et des programmes fédéraux d’intérêt public. Quelques exemples :
- La mise en place et le développement de site web et de portails internes et externes
- L’édition de contenus textuels et audiovisuels pour les comptes Facebook, Twitter, LinkedIn, Instagram
- L’organisation et la gestion d’évènements réguliers et spéciaux, comme les conférences de presse et les rencontres avec les médias
Ces pratiques s’appuient sur des compétences professionnelles, comme :
- Écrire de manière intelligible pour différents publics
- Savoir communiquer en interne comme en externe
- Connaître le fonctionnement des médias traditionnels et numériques
- Cibler et atteindre différents publics institutionnels
En tant que modes de communication de références avec les citoyennes et citoyens et les autres publics imposés par le gouvernement Trudeau, le web, les plateformes et les réseaux sociotechniques participent à la constitution de l’identité même des organisations fédérales.
Aujourd’hui, les citoyennes et citoyens canadiens communiquent de plus en plus en mode numérique avec leurs institutions. Le web est actuellement la voie principale d’échanges d’informations entre les administrations fédérales, les citoyennes et citoyens et les institutions alors que l’utilisation de médias socionumériques est devenue une norme. La politique de communication fédérale du gouvernement Trudeau s’est rapidement adaptée à cette norme.
La récente Directive sur la gestion des communications stipule que toutes les institutions doivent « utiliser les plateformes et les médias numériques comme principal moyen de connexion et d’interaction avec le public » (§6.11), parce que « les Canadiens utilisent de plus en plus la technologie pour communiquer dans leur vie quotidienne et s’attendent à interagir avec le gouvernement de la même façon », ajoute La politique sur les communications et l’image de marque (§4.4).
Alors que les technologies et les réseaux sociotechniques bouleversent le domaine des RP, les compétences et le savoir-faire des relationnistes dans les administrations gouvernementales pour la mise en place, l’utilisation et l’optimisation d’outils numériques deviennent un enjeu majeur. Une étude des sites web des OFC menée en 2018 par Ivan Ivanov démontre d’ailleurs que les relationnistes restent dans l’ombre des organisations publiques et que leur travail n’est que peu visible et valorisé lors de l’élaboration de messages et de web contenus. Leurs pratiques sont ainsi asservies à la primauté des cadres institutionnels préétablis et restent cachées sous le poids des politiques gouvernementales. Par leur spécificité d’organisations formelles et centralisées, les OFC ne donnent que peu de visibilité et de valeur ajoutée aux pratiques des relationnistes.
Dans ce contexte, comment les pratiques et les compétences de RP, qui évoluent avec l’utilisation massive de médias et des plateformes sociotechniques, transforment-elles les OFC et leurs relations avec les citoyens canadiens?
CRSH Savoir, 2020-2024