Courrielles : l’expérience numérique des femmes
Mélanie Millette (Département de communication sociale et publique)
En partenariat avec l’organisme Co-Savoir
Au Québec, 86,3 % des femmes utilisent Internet. Or elles sont deux fois plus susceptibles de subir des violences en ligne que les hommes, et les femmes racisées, en situation de handicap, LGBTQIA+ ou âgées subissent davantage de discriminations en ligne. L’un des effets de ces violences sur les femmes est de les faire taire et de les pousser à se censurer ou à s’exclure elles-mêmes des espaces en ligne. Cela représente un problème majeur, alors qu’une grande partie de la vie sociale et citoyenne exige désormais que l’on utilise les outils numériques.
Cela étant dit, Internet peut aussi être un lieu fécond et porteur pour les femmes. Les espaces en ligne permettent de nouer des solidarités sur la base d’expériences communes. Par exemple, de jeunes femmes y exercent leur militance féministe, des femmes originaires d’un même pays se retrouvent dans des groupes dédiés à faciliter l’immigration au Québec, d’autres utilisent les médias sociaux pour revendiquer et attirer l’attention sur des problèmes de fond, comme lors des vagues #MeToo. Le recours à Internet peut donc également participer à une meilleure agentivité des femmes, c’est-à-dire à soutenir leur capacité à agir et à se positionner comme citoyenne face aux enjeux actuels, dont les violences en ligne.
Fondé sur le dialogue entre des femmes et des expertes, ce projet de recherche vise cette problématique et abordera tant les expériences négatives que positives que les femmes ont de l’Internet. Pour cela, une série balado, accompagnée de textes et de ressources hébergées sur un site web, sera produite. Courrielles sera développé en partenariat avec le Centre de documentation sur l’éducation des adultes et la condition féminine (CDEACF) ainsi qu’avec l’appui du Service des communications de l’UQAM.
Ce projet de communication scientifique revêt une pertinence sociale majeure et mise sur la diffusion de données probantes, de récits d’expériences et de bonnes pratiques pour outiller les femmes et sensibiliser le grand public. Le caractère scientifique qui traverse l’ensemble de la série permettra de replacer les expériences individuelles dans leur contexte sociopolitique et historique, ce qui représente l’un des leviers essentiels du changement social : pour combattre les violences genrées en ligne et rehausser l’agentivité numérique des femmes, nous devons saisir la dimension collective d’un problème pourtant vécu individuellement. L’idée est ainsi de créer des contenus stimulants qui interpellent l’auditoire afin de susciter des réflexions critiques et, ultimement, des changements.
FRQSC Dialogue, 2024-2025