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Cinéma et musée : taxidermies animales et autres archives du vivant

Viva Paci École des médias

Comment avons-nous appris à connaître la nature non domestiquée et les animaux qui l’habitent? Est-ce que rencontrer l’altérité non humaine peut permettre d’interroger nos relations aux autres espèces vivantes et, par-là, notre place dans le monde? Le cinéma ou le musée ont-ils aidé cette rencontre avec le résolument autre, l’animal? Peut-il exister une posture éthique documentaire pour filmer ou exhiber cet autre, puisque ce n’est pas à lui que la représentation s’adresse? Se poser ces questions permettra de mieux comprendre les actions qui visent à préserver, à connaître et à rendre compte de la complexité du monde animal, et de rejoindre des préoccupations éthiques et philosophiques – mais aussi bien pratiques – de notre temps.

Les pratiques de la taxidermie en tant que mode d’exhibition muséal (musées d’histoire naturelle) et la médiation technique audiovisuelle (cinémas du réel) ont participé, dès leur émergence, à la fabrication de notre regard sur l’animal comme figure de l’altérité. Ces pratiques, aux modes documentaires, programment une question qui est de notre présent : celle de la place des non-humains dans la production de connaissances sur le vivant. Filer l’émergence populaire d’une figure nouvelle (l’animal et les lointains qu’il habite) permet d’interroger les tenants et les aboutissants, les préjugés et les angles morts des discours qui accompagnent son histoire, du colonialisme à la domination de la nature, de l’hagiographie de l’homme conquérant à la construction d’une histoire téléologique. Comment cinéma et musée ont regardé et re-présenté l’altérité animale, y compris la construction de principes éthiques, comme celui de conservation des espèces en danger d’extinction par l’éducation?

Le cinéma qui filme la nature et le musée d’histoire naturelle qui présente des reliques d’animaux ont mis en place des façons originales de documenter et de montrer de manière spectaculaire le règne animal et son habitat à des fins de conservation, de transmission et d’éducation. Derrière les institutions cinéma et musée siège le principe de documentation du réel axé sur l’acte de figer le mouvement, de fixer le temps (et par là embaumer le vivant). Les deux, pour comprendre le réel, finissent bien souvent par le mettre en scène (en cadre, en vitrine, en récit) tel un spectacle exploitatif.

Les pratiques, les représentations et les discours pour montrer l’animal d’il y a un siècle, précisément la taxidermie moderne et l’habitat diorama dans l’exposition muséale, de même que les pratiques du cinéma documentaire et du film animalier permettront à la professeure et chercheure Viva Paci de tracer l’histoire imagée de notre relation aux autres espèces vivantes. Il s’agira de comprendre, de mettre en réseau et de relancer ces discours en sciences humaines qui se concentrent aujourd’hui sur la figure de l’animal. Un dialogue avec les débats contemporains sur les enjeux écologiques, éthiques et philosophiques auxquels nous sommes confrontés, tels que l’anthropocène, l’antispécisme et les extinctions des espèces animales, se produira. Les contours de la contribution à l’avancement des connaissances de même que les avantages sociaux qu’offre le projet Cinéma et musée : taxidermies animales et autres archives du vivant se dessinent ainsi clairement.

CRSH Savoir, 2021-2024

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